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L'Anglosphère ?

par Gaëtan Gennaro-Presse, 2 novembre 2012

 

Mais, hein ?

 

L’Anglosphere est le terme employé pour désigner le monde anglo-saxon. Mais qu’est-ce que le monde anglo-saxon ? En fonction de considérations linguistiques, culturelles, économiques ou politiques voire même de question de modèle social, la définition change, et tout dépend de où et par qui cette expression est employée. En France, le terme « monde anglo-saxon » revêt souvent sa définition la plus large, pour faire bref, tout ce qui parle Anglais est anglo-saxon.

Mais les choses sont bien entendu plus nuancées.

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Officiellement, la définition la plus largement admise de l’Anglosphere la décrit comme l’ensemble des pays dont la langue maternelle principale est l’Anglais et dont la culture et les modèles sociaux et politiques sont ou ont été fortement influencés par la culture anglaise.

Suivant cette définition on reconnaît principalement les pays suivant comme faisant partie de l’Anglosphere :

  • Le Royaume-Uni,

  • les Etats-Unis,

  • le Canada,

  • l’Australie,

  • la Nouvelle-Zélande,

  • et l’Irlande.

Comptant près de 450 millions d’habitants, on rajoute parfois à cette liste l’Afrique du Sud. Cependant même ce classement fait débat. En effet, en ce qui concerne l’Afrique du Sud, l’Anglais n’y est que langue de communication, et excepté une minorité, les langues et cultures sont soit autochtones, soit germaniques (allemandes, hollandaises,…). De même, la Nouvelle-Zélande est un pays issu du mélange de la culture majoritairement anglo-saxonne (de colons pourtant écossais) et de populations locales de culture maorie. Contrairement à l’Australie avec la culture aborigène, la place de la culture maorie dans l’identité néo-zélandaise est importante.

Enfin plusieurs nations des îles britanniques (l’Ecosse, la Pays de Galles et l’Irlande) rejettent cette appartenance au monde anglo-saxon. De culture celtique, avec une langue vernaculaire encore en usage (gaélique écossais, gaélique irlandaise et gallois) qui reste encore la langue maternelle de certains habitants, ces nations déplorent souvent l’amalgame qui est fait entre îles britanniques, citoyenneté britannique et citoyenneté anglaise. S’agissant de nos voisins les plus immédiats, une petite explication s’impose.

 

Les Îles Britanniques

Afin d’éviter de froisser Ecossais, Gallois ou Irlandais, reprenons un peu de terminologie. Les îles britanniques (terme géologique) sont constituées de plusieurs îles, les deux plus grandes étant la Grande-Bretagne et l’Irlande (le grand lapin et la pomme de terre). Sur l’île de Grande-Bretagne, plusieurs nations cohabitent : les Anglais, les Ecossais et les Gallois (en réalité, il y a aussi la Cornouaille, mais passons).

Chacune est reconnue comme nation constitutive et possède ses propres institutions (parlement, autorités locales, police, …) et sa capitale : Édimbourg en Ecosse, Cardiff au Pays de Galles et Londres en Angleterre. Elles sont unis sous l’autorité de la Reine et du parlement de Westminster et par conséquent, du Premier Ministre britannique.

De l’autre côté de la mer d’Irlande se trouve l’Irlande, une île divisée entre deux entités : la majeure partie de l’île constitue la République d’Irlande (Eire) dont la capitale est Dublin tandis que les 6 comtés du nord forment l’Irlande du Nord avec pour capitale Belfast et qui possède également son  propre parlement (attention à ne pas confondre Ulster et Irlande du Nord, car l’Irlande du Nord n’est constituée que de six des neuf comtés de l’Ulster).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​D’une part, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Ecosse forment la Grande-Bretagne, dont la capitale est Londres et dont la nationalité est britannique. D’autre part, le Royaume-Uni est composé de la Grande-Bretagne et de l’Irlande du Nord. Ce qui fait des habitants de l’Irlande du Nord des sujets de sa très gracieuse majesté ainsi que des titulaires d’un passeport britannique, sans pour autant être véritablement britanniques.

 

ANGLAIS : le terme Anglais ne désigne que les habitants de l’Angleterre.

Ne pas confondre British et English. Si un Ecossais ou un Gallois tolère d’être appelé « British », il n’en va pas de même avec « English » !

 

BRITANNIQUE : les habitants de l’île de Grande-Bretagne.

Ce sont, si vous avez suivi, Gallois, Ecossais et Anglais. Et, à défaut d’une nationalité correspondant au Royaume-Uni, on l’emploie également pour les habitants d’Irlande du Nord.

 

IRLANDAIS : ni Anglais, ni Britannique, ne vivant pas en Grande-Bretagne et n’étant pas non plus sujets de la Reine d’Angleterre (et ne faisant même pas partie du Commonwealth), ce terme est employé pour désigner un citoyen de la République d’Irlande. L’Irlande étant le nom de l’île, ce terme s’applique aussi à n’importe quel habitant de l’île. A noter qu’en matière de rugby, ce sport étant affaire de nation, la sélection irlandaise représente toute l’île et accueille aussi bien des joueurs de la république que d’Irlande du Nord.

 

 

Petite aparté à propos des pays du Commonwealth : la plupart de ces pays ont comme deuxième langue ou comme langue officiel l’Anglais mais, bien que fortement influencés par une présence britannique et toujours liés au travers de cette association libre, ils ne sont pas considérés comme faisant partie du monde anglo-saxon. En effet, ces pays ont conservé leurs langues et leurs cultures. Cependant, en prenant en compte l’ensemble des pays ou l’Anglais est parlé, on avoisine le milliard et demi d’anglophones.

 

Pour résumer, le terme Anglo-saxon désigne principalement les pays de langue et de culture anglaise avec, en chefs de file, l’Angleterre et les Etats-Unis. Derrière cette appellation se cache cependant une réalité bien plus nuancée, avec des enjeux identitaires et politiques importants. Ainsi les termes anglophones et anglo-saxons ne doivent pas être confondus. Les premiers s'expriment simplement en Anglais alors que les seconds ont une culture fortement teintée d'influences anglaises.

 

On notera également que bien qu’étant proches (systèmes juridiques, systèmes parlementaires, etc.) le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont des modèles sociaux et économiques assez différents qui rend l’emploi du terme anglo-saxon très ambigu. Et comme le disait George Bernard Shaw : "l'Angleterre et les États-Unis sont deux pays divisés par une langue commune".

 

Un peu d’Histoire

 

Anglo-saxon ? Mais d’où vient ce mot ?

Remontons quelques siècles dans le passé jusqu’aux environs des cinquième et sixième siècles de notre ère. A l’époque, la Grande-Bretagne s’appelle encore Bretagne et notre Bretagne quant à elle s’appelle Armorique. Toute la Gaule est donc occupé, toute ? (ok, je plaisante !)

Jusqu’au milieu du cinquième siècle, Rome occupe la Bretagne (insulaire, comprendre la Grande-Bretagne). Devant faire face à des révoltes (comme celle des Icénis conduits par la reine Boadicea vers l’an 60) mais surtout aux menaces d’incursions de Pictes au nord et de Scots au nord et à l’ouest, les Romains auraient eu recours à des mercenaires originaires de Germanie. C’est là que certains historiens placent les premières arrivées de germains en Bretagne. Ceux-ci sont des Angles, des Frisons et des Saxons. Les Angles étaient un peuple nord-germanique établi à la frontière actuelle entre le Danemark et l’Allemagne.

Pour d’autres historiens, c’est après le retrait de Rome au milieu du cinquième siècle que le roi Breton Vortigern, en situation difficile face aux Scots et aux Pictes, aurait fait appel aux mercenaires Angles, Frisons et Saxons.

De mercenaires à envahisseurs, ces tribus germaniques vont durablement s’implanter en Bretagne, provoquant par la même l’exil massif de Bretons qui arriveront en Armorique, laquelle deviendra à son tour la Bretagne. C’est aussi à cette époque que la légende du roi Arthur voit le jour. Un roi  capable d’unifier tous les Bretons et même tous les celtes pour faire face aux envahisseurs.

Mais nous savons aujourd’hui que les Angles et les Saxons sont restés, et c’est d’ailleurs un roi Saxon, Harold Godwinson, que Guillaume le Conquérant affrontera à la bataille de Hastings en 1066. Suite à cela Normands et Anglo-saxons cohabiteront un certain temps, intégrant également d’importantes influences vikings, et c’est ce subtil mélange qui donnera naissance à la culture et à la langue anglaise. Long story short, comme on dit, c’est un cours d’histoire très condensé, mais voilà l’histoire du terme anglo-saxon.

Désormais vous en savez un peu plus, et je suis persuadé que vous saurez employer ce terme correctement à l’avenir.

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